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Tournage aux îles Maldives
 

Mardi 10 avril 2001, atterrissage à Hululé, l’île aéroport des Maldives. Plus de 3 ans après mon départ de cet archipel dans lequel j’ai travaillé dans 6 resorts différents, j’y revenais pour la première fois pour y passer… des vacances ou plus précisément afin d’y réaliser des images pour plusieurs projets de films et aussi dans le but d’établir des contacts avec différentes compagnies hôtelières.

Dans mon esprit, plusieurs questions me préoccupaient et je retrouvais les Maldives et sa capitale Malé avec plaisir mais aussi avec une certaine appréhension par rapport à l’état de santé du monde sous-marin. De l’autre côté, le sentiment de m’y sentir à l’aise avec mes repères et même certaines habitudes, me donnaient un peu l’impression de me retrouver comme dans une "seconde patrie".

Depuis mon départ, le 28 février 1998, El Niño était passé par là quelques mois plus tard avec ses effets dévastateurs mondialement connus. Ma principale préoccupation, après avoir entendu beaucoup d’amis et de personnes me parler de ce sujet, était de pouvoir me faire ma propre idée des conséquences sur les récifs de ces atolls de rêve.

Durant les années où j’ai travaillé là-bas, je me suis souvent indigné en voyant ce que certains moniteurs se permettaient de faire ou toléraient de la part de leurs clients. Je veux par exemple parler de sites de plongée tels que Fish Head, Maaya Thila ou Fesdu Wreck, tous situés dans Ari atoll et que j’ai pu voir se dégrader au fil des ans mais aussi des problèmes liés au nourrissage des requins (shark feeding).

Beaucoup de sentiments mitigés s’entrechoquaient donc au début de ce séjour de 3 semaines et demi, dont la majorité allait se dérouler sous forme de croisière. Les premières plongées ont malheureusement confirmé mes craintes : de la surface à environ 15 mètres de profondeur, la plupart des coraux durs étaient effectivement touchés dans des proportions allant de 50 à 95%, en fonction des endroits. 

Autre constat frappant et assez logique, le nombre de poissons perroquet, dont le régime alimentaire est principalement composé de coraux durs et de polypes avait massivement diminué, de même que celui des poissons papillon. Cependant, la crainte qui consistait à penser que le déséquilibre provoqué par la disparition d’une majorité du corail dur (qui est aussi l’habitat naturel de beaucoup de poissons de récif), allait se répercuter sur toute la chaîne alimentaire, ne semblait pas trop se vérifier.

En effet, il était toujours possible de pouvoir admirer beaucoup de napoléons, de mérous, de requins pointe blanche de récif, etc. En fait, la faune spectaculaire des Maldives était toujours là et bien là car nous avons aussi eu la chance de voir deux requins baleine, un groupe de plus de 50 requins gris de récif, des requins marteau, quelques raies manta ou raies pastenagues et à plusieurs reprises, de magnifiques vols de raies aigle en groupes de 3 à 12 individus !

La seule ombre à ce tableau plutôt riche était le peu de tortues que nous pouvions observer. Trois tortues en 3 semaines alors que quelques années auparavant, il arrivait fréquemment d'en voir de 3 à 12... en une seule plongée ! De la malchance dans ce domaine ? Une conséquence indirecte des effets de El Niño ? Ou la chasse avait-elle repris malgré l'interdiction faite dans ce domaine par le gouvernement Maldivien quelques années plus tôt ? Difficile de répondre.

Les coraux mous quant à eux ne donnaient pas l'impression d'avoir soufferts, bien au contraire même mais il fallait cependant bien admettre que la plupart des espèces de coraux durs avaient été sérieusement atteintes. J’attendais avec impatience de pouvoir plonger sur la magnifique épave de Fesdu car par le passé, de l’épave on se dirigeait vers un thila (un sec) et de celui-ci on allait ensuite retrouver le récif d’un faru pour finir sa plongée à faible profondeur. Après quelques minutes de palmage, je me rappelais très bien qu’il y avait une succession de grandes tables de corail parfaitement saines, tout le récif était magnifique avec des anthias virevoltant dans tous les sens, accompagnés par une multitude de poissons de récif en tous genres.

Et bien ce que je craignais s’est vérifié : comme presque partout ailleurs à faible profondeur, les coraux étaient tous morts… Ce magnifique jardin de corail jadis était devenu un cimetière aujourd’hui, il ne restait plus rien à part 2 ou 3 poissons égarés qui se déplaçaient furtivement et des algues avaient fini par étouffer les derniers coraux, empêchant toute chance de recolonisation par de nouvelles larves. Bref, un véritable spectacle de désolation et un profond sentiment de tristesse m’a envahi à ce moment là.

Heureusement, j’allais pouvoir vérifier plus loin, que l’un des sites de plongée que je considère faire partie des plus spectaculaires aux Maldives, allait me démontrer que son exceptionnelle richesse était restée intacte et c’est certain, de revoir un site aussi magnifique et préservé, fut nécessaire et très appréciable.

Il faut aussi préciser que si certains récifs ont été particulièrement touchés, la majorité de ceux qui sont exposés aux forts courants des marées ont de nombreuses pousses de coraux de 5 à 20 centimètres de grandeur. J’ai immédiatement donné le nom de "pousses de l’espoir" à toutes ces jeunes colonies qui représentent l’avenir des récifs coralliens des Maldives. Il va de soit qu’avant de revoir des tables de corail de 2 mètres de diamètre ou plus, qu’il va falloir être patient mais il faut surtout espérer que l’ampleur du phénomène d’El Niño en 1998, ne se reproduise plus durant les prochaines décennies. Et c’est là tout ce qui est à craindre car cela risquerait de porter un coup fatal aux coraux qui survivent et à ceux qui luttent pour grandir.

Assurément, un enjeu d’une importance capitale est en train de se décider et dont il est extrêmement difficile d’apprécier les conséquences sur les écosystèmes présents dans les océans mais dont nous sommes cependant certains qu’elles sont à craindre…

Malgré ces faits inquiétants, le clip vidéo « Maldivian reefs » a été réalisé uniquement avec des images faites en avril 2001 et il montre les beautés du monde sous-marin des Maldives, tel qu’il est toujours possible de les découvrir.

Bien que ces images correspondent à une réalité, il faut être cependant lucide et ne pas nier l’existence de certains problèmes. D’ailleurs, en être conscient et les admettre est certainement la meilleure des attitudes pour se diriger sur le chemin qui permettra de prendre des précautions et de donner ainsi le maximum de chances de survie aux "pousses de l’espoir"...
 

Authentic Diving - Thierry Kramer
Avril 2001

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